Vous êtes-vous déjà demandé comme votre supérieur hiérarchique, ou les dirigeants de votre entreprise, pouvaient occuper leurs postes alors qu’ils ne montrent, et cela depuis des années, aucune compétence ?
Si oui, bienvenue en kakistocratie !
Le mot « kakistocratie » est construit à partir de deux mots grecs : kakistos, qui signifie « les pires » et kratos, le pouvoir.
Une organisation dirigée par des incompétents est donc une kakistocratie
Avec les incompétents, les résultats ne sont pas atteints, le désordre règne, les cadres et les objectifs ne sont pas clairs, et, du coup, de nombreux collaborateurs sont en souffrance. La kakistocratie est peu propice à l’épanouissement personnel et professionnel.
Avoir un manager incompétent a de nombreux impacts :
- des tâches mal faites ou pas faites du tout.
- la honte d’avoir un représentant de son entreprise incompétent.
- le sentiment d’injustice. Avoir travaillé dur pour arriver au poste occupé et voir un incompétent rejoindre facilement le haut de la pyramide peut être insupportable.
- La perte de confiance. Comment avoir confiance en des personnes qu’on estime incompétentes ?
Car travailler en kakistocratie, c’est découvrir que l’incompétence et la médiocrité peuvent avoir de la valeur et c’est profondément perturbant. Tous les repères sont bousculés !
Les causes de la kakistocratie
La première explication à la prospérité de l’incompétence, est ce qu’on connait sous le nom de principe de Peter. Selon ce principe, nous progressons dans nos fonctions tout au long de notre carrière jusqu’à ce que nous rencontrions notre seuil d’incompétence.
Un autre motif de comportements kakistocrates est le : « piège de la compétence », qui rejoint un autre principe bien connu, celui de Dilbert, inventé par l’humoriste américain Scott Adams. « Les gens les plus incompétents sont systématiquement affectés aux postes où ils risquent de causer le moins de dégâts : ceux de managers ».
Une autre raison de préférer l’incompétence à la compétence ? Tout simplement, la peur de la compétence. Le manager a peur de recruter ou de promouvoir des talents qui pourraient rapidement être des concurrents et le dépasser.
Une autre explication de l’incompétence au plus haut niveau des entreprises et des institutions est le développement de la consultocratie, c’est-à-dire la délégation à des cabinets de conseil des missions complexes ou à caractère stratégique.
L’entreprise peut aussi « fabriquer » de l’incompétence, quand elle ne propose aucune formation par exemple.
La kakistocratie comme système
Le premier levier d’une kakistocratie organisée est la création de la dette. Si vous recrutez ou promouvez un bon ! Il trouvera cela tout à fait normal. Ce succès lui est dû, grâce à sa compétence. Mais si vous recrutez ou faites avancer un mauvais : vous créez une dette. Il vous devra quelque chose.
Le second ressort profond de la kakistocratie est la négation de la personne au profit du système. Dans une kakistocratie, on est promu sans lien avec les mérites et les compétences. Les collaborateurs sont des pions et c’est le système qui décide.
Le troisième type de kakistocratie est la configuration clanique. L’objectif d’un clan est la préservation et la perpétuation de ses intérêts et de ses périmètres, pas d’être performant ou compétent. On recrute pour la loyauté, par pour la compétence : le syndrome du « fils du patron » !
Comment sortir de la kakistocratie
Une bonne façon de supprimer une kakistocratie, c’est d’agir sur la cause racine : l’incompétence. Comment ?
En formant, pour rendre les gens compétents ! Sont visées alors les compétences métiers mais aussi les compétences managériales.
Le name and shame : dénoncer et faire honte aux kakistocrates !
Le recrutement de femmes : les femmes dirigeantes ayant eu beaucoup plus de barrières à franchir pour parvenir au sommet, sont du coup, plus talentueuses que les hommes à statut égal.
Le dernier scénario est le moins intuitif mais certainement le plus structurant pour sortir d’une kakistocratie : accepter l’incompétence !
Pour cela, il faut revenir sur la vision de la compétence. Car l’incompétence est un impensé.
Être incompétent, c’est ne pas être compétent. Trop simple !
On part de l’idée que les incompétences des uns peuvent être les compétences des autres et vice-versa.
Il faut regarder l’incompétence avec une valeur de créativité, d’innovation, d’ouverture sur les autres. Quand on ne sait pas, on peut apporter un regard nouveau et des idées disruptives pour résoudre un problème.
Devenir un compétent de son incompétence.
Pour en finir avec les kakistocraties !
- Barth, I., La kakistocratie ou le pouvoir des pires- Voyage au cœur de l’incompétence (2024), Ed. EMS https://www.editions-ems.fr/boutique/la-kakistocratie-ou-le-pouvoir-des-pires/