Mal décider : le biais de surconfiance

En un clin d'œil

Dans certains cas, on observe que de mauvaises décisions ont été prises car le décideur était « surconfiant », c’est-à-dire qu’il (ou elle) surestimait ses compétences. Ce biais de « surconfiance » a été mis en évidence par Dunning et Kruger  (nommé aussi« effet Dunning-Kruger »). De quoi s’agit-il ?

Le biais de surconfiance, un biais cognitif qui nuit à la prise de décision

Dans un article paru en Décembre 1999 dans la revue Journal of Personnality and Social Psychology, les chercheurs David Dunning et Justin Kruger décrivent des personnes peu qualifiées dans leur domaine et qui surestiment leurs compétences : ils appellent ce biais la « surconfiance »

Il renvoie au cercle de l’apprentissage qui se décline en 4 étapes.

– Au départ, on ne sait pas qu’on ne sait pas, on est alors dans une totale insouciance et confiance en soi,

– ensuite, en progressant on sait qu’on ne sait pas et le doute comme la perte de confiance se développent,

– troisième étape on sait qu’on sait, on est alors devenu un sachant dans son domaine,

– et dernière étape, on ne sait pas qu’on sait, on entre alors dans la zone d’expertise absolue.

L’expertise comme frein à la décision

Ce qu’on constate, c’est que la confiance en soi ne suit pas forcément le même chemin, au contraire ! Comme l’écrivait Charles Darwin : « L’ignorance engendre plus fréquemment la confiance en soi que ne le fait la connaissance ». Et en effet on constate bien souvent que de savoir les choses introduit le doute.

Ainsi, on observe souvent que des chercheurs extrêmement compétents dans leur domaine n’osent s’exprimer de façon simple et assertive pour le grand public, tant ils se sentent obligés d’introduire des références très nombreuses, des nuances complexes, des conditions de validations …rendant souvent leurs discours incompréhensibles, ou du moins n’apportant aucune réponse simple aux problèmes posés, de façon parfois fort abrupte. La connaissance n’apporte pas forcément la confiance alors que nos surconfiants sont restés, eux, à la première case : ils ne savent pas qu’ils ne savent pas !

Les risques de la surconfiance dans la prise de décision

Ces personnes non seulement surestiment leur propre niveau de compétence, mais ne savent pas reconnaitre la compétence chez autrui.

« L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit. » disait Aristote.

Cette surconfiance si fascinante et irritante, se retrouve partout, dans tous les domaines, et toutes les couches de la société. On monte dans une voiture après avoir bu par surconfiance, on part en montagne par mauvais temps par surconfiance, on part se baigner malgré la tempête par surconfiance ….

En médecine, il a été ainsi constaté que des diagnostics erronés sont faits à cause de la surconfiance due à la routine. Le praticien ne cherche pas, par excès de confiance à investiguer davantage une fois le premier diagnostic posé, avec tous les effets catastrophiques que cela peut entrainer.

On comprend que les deux leviers pour lutter contre ce biais de surconfiance, sont : 1/ la connaissance et 2/ la vigilance. Les leaders réflexifs sont, de facto, moins exposés à ce biais cognitifs.

La plus grande difficulté est de pénétrer au cœur des personnes qui n’éprouvent pas le besoin de se remettre en cause !

D’autres articles peuvent vous intéresser :