Cette version mi-française de la phrase « I am not bossy, I am the boss », est une invitation à affirmer sa place de leader – indépendamment des stéréotypes de genre. Nous avons vu le monde du travail appelant de ses vœux des qualités dites « féminines » chez les managers. Et si on peut saluer l’effort, cela reste insuffisant pour tirer tous les bénéfices de l’égalité des genres.
L’objectif réel : libérer la fonction de leader de cette distinction entre masculin et féminin.
Le leadership féminin : un cliché qui enferme
Le problème de la croyance en des qualités spécifiquement féminines, c’est qu’elle crée des attentes restrictives. Dans ce paradigme, on peut reprocher à une femme de manquer d’empathie – là où les mêmes attitudes sont vues comme la norme chez un homme.
Rappelons-nous l’ancienne directrice générale d’ENGIE, Isabelle Kocher, qui a été licenciée pour « manque d’intelligence émotionnelle ». Cet exemple devrait inciter à la prudence : a-t-on réellement les mêmes exigences en matière de soft skills, de part et d’autre de la scène des genres ?
Cette différence de traitement s’explique bien à la lecture de l’essai Le Deuxième Sexe, de Simone de Beauvoir : « La femme se détermine et se différencie par rapport à l’homme et non celui-ci par rapport à elle. […] Il est le sujet, il est l’absolu, elle est l’autre. » En résumé, pour exister en tant que leaders, les femmes ont dû se construire « en contre ».
Repenser le leadership au-delà du genre
La performance d’un manager ne devrait pas se mesurer à sa conformité (ou non) vis-à-vis d’attentes genrées… Comment arriver à une vision plus réaliste ?
Il s’agit d’abord d’admettre que le monde du travail, par définition, accueille des adultes. Il lui est donc très difficile de transformer en profondeur ce que l’enfance et l’adolescence ont construit de stéréotypes concernant la manière de prendre le lead.
Prendre conscience de l’impact nuisible d’une évaluation différenciée des managers selon le genre – est un outil puissant pour rétablir l’équilibre. La conformité à une norme ne devrait pas se mettre en travers de l’un leadership efficace.
Comme l’écrivait Michel Foucault : « Désormais, les identités ne doivent plus se définir par des origines mais par des trajectoires. » Ce point de vue rejette la rigidité des catégories traditionnelles et met en avant l’autonomie de l’individu dans la construction de son identité.
Alors, êtes-vous the boss ?
Pour aller plus loin…
- sur le sujet des croyances associées au leadership par les femmes, vous pouvez lire mon article sur Harvard Business Review : « Leadership féminin : des stéréotypes à déconstruire »